Vœux 2.0

Dans le contexte actuel, il est difficile de formuler les vœux classiques de fin d’année sans ressentir un certain malaise. Bien sûr, on souhaite à son correspondant santé, bonheur, prospérité et de joyeuses fêtes, mais voir ces vœux réalisés est devenu à ce point douteux que le message serait trop creux pour qu’il ne résonne pas d’ironie.

Alors, tentant l’originalité, je vous souhaite pour 2022 une excellente immunité !

Quelle immunité ? Evidemment l’immunité contre cet ennemi baptisé en 2019 qui nous fait revoir l’alphabet grec, mais aussi contre d’autres maux de notre temps : les positions radicales, les « fake news », le manque d’écoute, les propos agressifs et leurs conséquences, l’isolement et le découragement.

Contre ces autres maux, il y a les équivalents de la distance et des masques (les règles et les interdictions) et ceux du confinement (les bulles de confort cognitif). Digues efficaces, mais dont la rupture, comme celle des digues virales, se révèle vite catastrophique.

La résilience régulièrement présente face à des situations difficiles, ou même extrêmes, montre que nous avons aussi une sorte de système immunitaire cognitif. On peut le renforcer (s’immuniser) par la formation et la réflexion (la vaccination) ou par l’épreuve (l’infection). Que l’on soit dans le viral ou le cognitif, le plus efficace et le plus sûr est la combinaison des deux qui permet à l’infection d’être légère et à l’épreuve de se transformer en expérience enrichissante.

Ainsi, mes vœux pour 2022 sont une excellente immunité couplée à l’ouverture et aux contacts qui nous enrichissent et nous renforcent.

Fonction universitaire et liberté d’expression

J’ai été interpellé à plusieurs reprises concernant des « tweets » ou « posts » de professeurs de l’Université de Liège considérés comme « inacceptables » ou « scandaleux ».  La question posée étant de savoir comment l’Université pouvait tolérer cela.

Nous vivons dans un pays qui protège la liberté d’expression. Cette liberté est très large et concerne en particulier l’expression d’opinions allant à l’encontre de l’avis majoritaire du moment, ainsi que la critique de nos gouvernants. Elle n’est toutefois pas absolue et connaît un certain nombre d’exceptions prévues par la loi, notamment l’interdiction de l’insulte publique, de la diffamation ou de l’incitation à la discrimination ou à la haine.

La liberté d’expression et ses limites s’appliquent à tout citoyen et de toute évidence aussi aux professeurs d’université. La question est de savoir s’ils sont soumis à d’autres règles, restreignant ou élargissant cette liberté. Elargir une liberté d’expression déjà fort large ne semble pas vraiment possible, mais notons la protection particulière des parlementaires ou de la presse et le seuil de ce qui peut être considéré comme diffamatoire ou injurieux moins rapidement franchi lorsque la cible est une personnalité publique.

Par contre, des restrictions de fait à la liberté d’expression sont plus courantes. Par exemple, critiquer publiquement son employeur, ou publier des propos contraires aux valeurs qu’il défend peut mener à une situation inconfortable. Un médecin qui tiendrait des propos contraires à la déontologie de sa profession peut se voir frapper d’une interdiction d’exercer. En contrepartie, il existe aussi des protections spécifiques de la liberté d’expression, notamment celle des « lanceurs d’alertes » qui dénoncent des actions répréhensibles de leur employeur.

La situation des universitaires est conforme à ce constat général. Leur liberté d’expression est à la fois protégée et contrainte. La protection est la fameuse « liberté académique » dont l’objectif est avant tout de ne pas figer l’enseignement et la recherche en donnant le droit aux universitaires d’aborder des sujets inédits et d’adopter des positions en rupture avec le consensus du moment, ce qui est d’ailleurs souvent l’origine des grands progrès scientifiques. La contrainte, en ce qu’elle va au-delà des prescrits légaux, est plus subtile. Elle est de l’ordre d’une obligation morale de se comporter dans sa communication en concordance avec les valeurs de l’Université et de ne pas abuser du prestige que confère la fonction.

Le cadre étant posé, abordons la question de comment réagir lorsque le débat s’enflamme après une communication sur un réseau social. Dans ce contexte, les interpellations habituelles demandent à l’Université de se distancier de la communication, condamner les propos tenus ou même museler et sévir contre l’auteur.

Distinguons d’abord ce qui franchit ou s’approche des limites légales et tient par exemple de la diffamation ou de l’injure. L’Université ne cautionne évidemment pas cela et peut initier une procédure disciplinaire dans le respect des règles en vigueur, pour autant que la transgression ait un impact sur les membres ou l’activité de l’Université. Dans d’autres cas, ce serait se substituer à la justice. 

Pour ce qui est des opinions discutables, se distancier est rappeler que l’avis émis par un membre de l’institution n’est pas l’avis de l’Université. C’est bien sûr une règle de base qu’il est utile de réaffirmer périodiquement. Le faire en lien avec une communication spécifique porte le risque ingérable d’endosser implicitement toute autre communication. Condamner l’opinion ou son auteur implique que l’on peut juger impartialement de la pertinence d’un propos, voie qui mène directement à un contrôle de l’expression en opposition directe avec les valeurs universitaires.

Les réseaux sociaux sont un environnement particulier où les débats s’enflamment facilement. Les réactions à une communication problématique, même rapidement effacée, lui donnent une visibilité qu’elle n’aurait pas autrement et tournent parfois à un acharnement contre l’auteur, parfois bien pire que le texte incriminé. Il y a un réel danger de voir une position universitaire instrumentalisée dans un tel contexte.

En conclusion, dans un monde où les libertés et en particulier la liberté d’expression sont trop souvent funestement bridées, les défendre doit rester la première priorité. Les débats sur les réseaux sociaux en font partie, mais il serait pernicieusement contradictoire qu’ils mènent à restreindre la liberté d’expression à l’Université. Au-delà du rappel des principes de base essentiels cités ci-dessus, une université qui tenterait de « mettre de l’ordre » dans la communication de ses membres n’en sortirait nullement grandie. Au contraire, elle ferait un aveu de faiblesse en donnant la priorité à une respectabilité de surface par rapport à la défense de principes fondamentaux.

Désinformation

Un article publié sur le site du Soir ce jeudi 7 janvier 2021 à 20:41 a pour titre « Des renvois en seconde session pour les étudiants positifs au coronavirus ». Le texte débute comme suit :

« Dans un mail que Le Soir a pu se procurer, un professeur de la faculté de psychologie et sciences de l’éducation de l’Université de Liège informe ses étudiants que ceux qui se retrouveraient en quarantaine ou positifs au coronavirus au moment de l’examen se verraient directement renvoyés en seconde session. « Aux étudiants qui sont dans l’incapacité de se présenter (en quarantaine, covid, etc.) aux examens, il n’est pas nécessaire de prévenir à l’avance. La réalisation de l’examen est reportée à la session ultérieure, aucune solution alternative n’est hélas possible. »

L’extrait de ce mail a été envoyé à plus de 300 étudiants ce jeudi. …»

Le message qui en ressort est sans ambiguïté et conforme au titre : pour plus de 300 étudiants de faculté de psychologie, une absence pour cause de covid a pour conséquence le renvoi en seconde session.

Qu’en est-il vraiment ? Un mail a bien été envoyé à des étudiants de la faculté de psychologie le jeudi 7 janvier. Il s’agit d’un mail dont le but était d’informer ces étudiants sur comment se répartir entre les différents locaux prévus pour leur examen de la semaine suivante ; il rappelle également une série de modalités pratiques. Ce mail contient effectivement la phrase citée qui s’y trouve par erreur. Elle correspond à une règle précédemment envisagée par certains enseignants, mais contraire à la politique bien plus ouverte appliquée, cette dernière ayant été rappelée dans un message adressé aux étudiants en début de semaine.

Le mail n’a suscité aucune réaction d’étudiants envers les autorités facultaires ou universitaires et ne leur était donc pas connu. Toutefois, il est parvenu à une journaliste du Soir qui a rédigé l’article dont il est question. Après que l’information permettant d’identifier le mail et d’en prendre connaissance eut finalement pu être obtenue, un rectificatif a été directement envoyé aux étudiants.

Entretemps, l’article a été relayé et commenté en termes durs pour l’Université sur les réseaux sociaux. Une campagne de mails de plainte adressés à la Ministre de l’enseignement supérieur et au Recteur est lancée. L’information est reprise par Belga et paraît en bref dans La Libre du samedi 8.

En résumé, beaucoup d’agitation, d’inquiétude, de réactions enflammées suite à un titre accrocheur et un article qui fait la part belle à la diffusion d’un message erroné, alors qu’il avait été clairement expliqué à la journaliste que la politique de l’Université était tout autre et s’imposait quelle que soit la communication qui aurait été faite.

Quand on sait que pour toute la faculté de psychologie seuls deux étudiants sont déclarés positifs au covid et que des solutions ont été trouvées pour qu’ils puissent néanmoins présenter leurs examens, il y a de quoi être interpellé par la vague d’émoi suscitée au départ d’un message erroné habilement instrumentalisé. N’est-il pas temps de revenir à plus de modération et de raison ?

Sur des conférences qui font débat

Les Grandes Conférences Liégeoises ont annoncé dans  leur programme de cet automne deux invités qui suscitent la controverse : Jean-Dominique MICHEL et Didier RAOULT. L’Université et moi-même son Recteur sommes depuis quelques jours régulièrement interpellés au sujet de ces choix.

Tout d’abord, je voudrais préciser que le programme des grandes conférences est élaboré, en toute indépendance, par les organes de l’asbl « Grandes Conférences Liègeoise. L’Université est fondatrice avec la Ville de Liège de cette asbl, et y est représentée par quelques-uns de ses membres, mais les autorités universitaires n’exercent pas de contrôle sur les choix de conférenciers. On pourrait considérer qu’il s’agit là d’un défaut de surveillance, mais le principe de fonctionnement de notre université n’est pas celui d’une contrôle centralisé généralisé contraire aux valeurs universitaires et de toute façon impraticable. Cela étant, je considère qu’il est néanmoins important que je m’exprime sur ces choix. Il s’agit d’un avis personnel, fort probablement partagé par d’autres membres de l’Université, mais certainement pas par tous. 

A la question de savoir si j’aurais invité ces conférenciers, sans hésiter je réponds « non ». La raison majeure est que je ne suis pas convaincu que leurs conférences seront de qualité. Par qualité, je n’entends pas qualité oratoire, ni caractère captivant, mais la qualité de la construction du message délivré que ce soit par la science ou le raisonnement construit et étayé qui le sous-tend. C’est un avis personnel basé uniquement sur ce que j’ai pu lire ou entendre exprimer par ces personnes.

L’argument opposé est qu’il est important d’entendre des points de vue discordants, surtout dans un contexte incertain où des approches non-conventionnelles pourraient in fine se révéler de grande valeur. Bien sûr, mais justement la valeur d’un point de vue discordant ou d’une approche non-conventionnelle dépend de la qualité de sa construction. Sans cela, on tombe vite dans la provocation sans fondement.

Les conférences sont programmées et organisées et la première a eu lieu. J’invite ceux qui y assistent à aiguiser leur esprit critique et à se méfier de la séduction que peut exercer un orateur de talent. Chacun pourra alors juger si ce qu’il entendra est d’une qualité qui justifie le prix du billet. Dans le cas contraire, je recommande plutôt l’aspirine que la chloroquine[1].

[1] Cette recommandation n’est basée sur aucune étude scientifique, mais sur une rime plaisante.

Mobilisation pour le climat

Ci-dessous le message que j’ai adressé aux étudiants et à tout le  personnel de l’Université de Liège concernant la mobilisation pour le climat.

Une forte mobilisation des jeunes pour le climat a débuté il y a quelques mois et continue en s’amplifiant. Le message est très clair : le réchauffement climatique est une menace très sérieuse pour l’avenir de l’humanité, il n’est pas admissible qu’elle ne soit pas prise au sérieux. Bien sûr, il y a les accords sur la réduction des émissions des gaz à effet de serre, mais le chemin pour les concrétiser est bien trop vague et incertain.

Que la jeune génération doute de la volonté et de la clairvoyance avec laquelle nos gouvernements abordent les questions cruciales est compréhensible, et même tout à fait rationnel si l’on regarde l’histoire. Il y a à peine plus d’un siècle, l’Europe sortait d’une guerre catastrophique, mais certainement inutile et évitable. Depuis, la séquence des conflits, crises économiques et désastres humanitaires évitables et non évités est quasi ininterrompue à travers le monde. Il est vrai que la construction européenne a dans une large mesure épargné nos régions depuis plus de 70 ans, mais rien n’est toutefois définitivement acquis, les dérives autoritaires et la tragi-comédie du Brexit sont là pour nous le rappeler.

Face à cette situation, la question qui m’est posée avec insistance est : que fait l’Université ? Dans le défi climatique comme sur d’autres questions, l’Université joue un triple rôle : informer, former et proposer. Informer sur ce qui est connu et ce que la science nous permet de prédire ; former nos étudiants à comprendre les enjeux, à analyser les situations et à raisonner rationnellement à leur sujet ; proposer des solutions pour toutes les facettes du problème, technologique, économique, juridique, politique, humaine et sociétale. Nous le faisons et ne ménagerons pas nos efforts pour faire plus et mieux : l’Université de Liège contribuera à résoudre le problème du réchauffement climatique. La cohérence implique qu’il est tout aussi essentiel d’agir sur nos installations et notre comportement pour contribuer à l’effort général. Faut-il rappeler nos réalisations, entre autres l’installation d’une cogénération à pellets, les panneaux solaires sur nos parkings et le vaste plan de rénovation énergétique de nos bâtiments.

Une question plus immédiate est le soutien aux manifestations et autres actions prévues prochainement. Je suis convaincu que la mobilisation actuelle peut influencer le cours des choses, et tout aussi convaincu que le triple rôle que joue l’Université est crucial. A chacun donc de choisir où il pourra apporter le plus ce vendredi 15 mars, et je demande à tous d’avoir une attitude bienveillante et de ne pas inutilement contraindre le choix de notre personnel et de nos étudiants.

Avec confiance en notre avenir,

Pierre Wolper

 

Prise de fonction

Le 11 octobre à 19:00, mon élection comme Recteur de l’Université de Liège était annoncée. Le 23 octobre je prenais officiellement la parole en tant que nouveau Recteur et présentais mon équipe. Le texte de mon discours est repris ci-dessous.


Mesdames et Messieurs en vos titres et qualités,

Ce discours de rentrée, je l’ai divisé en trois parties. Je m’adresserai d’abord à la communauté universitaire, ensuite à notre entourage immédiat, ville, région et pays, et enfin au monde.

A la communauté universitaire, j’adresse d’abord mes remerciements pour la confiance qui m’est faite. Elle n’a certes pas été électoralement unanime, mais ce qui comptera est celle que je pourrai et veux construire, jour après jour, au cours des quatre prochaines années. Mes remerciements vont aussi, à ceux qui m’ont accompagné jusqu’ici et à tous ceux qui m’aideront dans la lourde tâche de conduire notre institution.

Parlant de l’Université, la première question que nous devons nous poser est : quelle université voulons-nous ? Heureusement, même s’il y a des nuances dans les avis au sein de la communauté universitaire, l’accord est assez unanime sur quelques caractéristiques essentielles : le renforcement mutuel entre recherche et enseignement, un enseignement qui transmet plus que des compétences pointues, une recherche de qualité intégrée dans les réseaux mondiaux, une forte interaction avec notre environnement proche, que ce soit dans les domaines scientifiques, technologiques, industriels, culturels ou du débat des idées.

En fait, la question n’est pas celle de l’objectif, mais du chemin pour y arriver. Pour le baliser, il faut d’abord s’imprégner du fait qu’une grande université se construit non seulement avec des moyens, mais surtout avec des femmes et des hommes passionnés par la recherche et l’enseignement à qui l’on laisse une grande liberté pour développer leurs activités. La recette est donc relativement simple : il faut avant tout veiller à la qualité de nos recrutements et offrir un environnement qui permette à chacun de développer au mieux ses activités.

Il n’y a rien de mystérieux à un recrutement de qualité : une procédure ouverte, rigoureuse et transparente, ce qui est déjà la règle générale. Cela implique aussi d’annoncer nos postes suffisamment tôt, d’en faire une publicité large, cela contribue aussi à nous faire connaître, et tenir compte du calendrier international des recrutements. Ne sous-estimons pas notre attractivité, d’autant plus que l’Amérique de Trump et le Brexit sont pour nous de tragiques atouts.

Offrir un environnement de qualité est moins immédiat et dépend assez directement de comment notre université fonctionne et utilise ses moyens. Ici, je dirais sans ambiguïté que l’on peut mieux faire. Mon but n’est certainement pas de réformer une fois de plus nos structures, car chaque réforme crée incertitudes et perturbations. Nous commencerons par faire mieux fonctionner ce qui existe. Voici quelques exemples.

Motiver clairement nos décisions en s’assurant que chacune va dans le sens de nos objectifs. Tout compromis de facilité nous fait perdre du terrain.

Evaluer et tenir compte de l’impact de nos décisions sur les individus. Si une décision n’est pas construite sur la concertation en tenant compte des personnes qu’elle affecte et des changements qu’elle implique, elle sera mal perçue, vécue et appliquée.

Examiner les questions globalement. Nos ouvertures de charges arrivent au compte-gouttes à notre Conseil d’Administration, sans qu’une vue globale en soit présentée. Chaque faculté a construit son plan, mais l’intégration de ceux-ci n’est pas explicitement visible.

Raccourcir les circuits de décisions. Ce n’est pas le nombre d’étapes qui fait la qualité d’une décision, mais bien le soin qui est pris à chacune.

Simplifier et alléger nos procédures. Trop souvent, on applique des règles et procédures dont on ne comprend plus l’intérêt ou la motivation. C’est alors le bon moment pour les remettre en cause.

Des principes de bonne pratique certes, mais où est la stratégie ? D’abord un fonctionnement harmonieux qui permet à chacun de travailler dans de bonnes conditions est déjà un objectif stratégique. Pour une université, comme pour une entreprise, une région ou un pays, une gestion cohérente et efficace est une condition indispensable du succès. Ensuite, une stratégie consiste à se focaliser sur un nombre limité d’objectifs particuliers qui contribue à notre objectif général. En voici quelques prioritaires.

La mobilité vers nos campus, en particulier le Sart-Tilman, est clairement un problème. Un objectif est que nos étudiants qui louent un kot, pour se rapprocher du campus, puissent arriver dans leur salle de cours en 15 minutes, grand maximum 30. Notre attractivité tant nationale qu’internationale en dépend.

Notre enseignement doit continuer à s’ouvrir aux nouvelles méthodes permises par le numérique. Tout aussi important, nos programmes d’études doivent, sans surcharge, permettre une ouverture vers des matières autres que la spécialité choisie. C’est notamment ainsi que nous formerons à aborder les problèmes complexes auxquels notre monde est confronté.

Notre gestion des moyens de recherche doit avoir pour objectif de placer le chercheur dans de meilleures conditions pour progresser. Comme l’a très bien formulé mon Vice-Recteur à la recherche, Fabrice Bureau : « un système adapté aux chercheurs, plutôt que des chercheurs adaptés au système. »

Notre rôle par rapport au monde et à son développement durable doit devenir plus central. Nous avons là une triple mission : par notre recherche, comprendre, analyser, anticiper et communiquer ; par notre enseignement, former et donner les outils pour agir ; par notre comportement et notre gestion, être un exemple et une référence.

Nos relations avec la cité, les entreprises, nos Alumni ne doivent plus être négligées. Le bénéfice en sera important et mutuel.

Si je me tourne maintenant vers notre région. Mon premier message est de rappeler ce à quoi nous contribuons.

Nos diplômés sont des personnes clés dans de nombreuses entreprises et institutions. Présents à travers le monde, ils nourrissent notre réseau économique. Tout aussi crucial, Ils sont fondateurs d’entreprises et ont ainsi beaucoup apporté à la reconversion et au développement de notre Région. De même, notre recherche aide les entreprises existantes à innover et à se développer. Et, n’oublions pas que l’Université et son institution sœur, le CHU, sont de très gros employeurs locaux.

Mon deuxième message concerne ce que nous attendons de la Région et des autres niveaux de pouvoir dont nous dépendons. Au risque de vous surprendre, je ne parlerai pas de moyens financiers. Il y aura pour cela d’autres occasions, mais aujourd’hui je veux aborder un autre thème : un de nos handicaps majeurs est d’être submergés de contraintes légales et réglementaires constamment changeantes.

La façon dont notre enseignement doit être organisé et géré est minutieusement décrite dans une série de décrets régulièrement revus. Les objectifs sont globalement défendables, mais le tout est tellement complexe que rares sont ceux qui s’y retrouvent. L’effort que cela demande à notre personnel est lourd, au point qu’une aide spécifique nous est accordée pour nous soutenir dans la gestion des règles qui nous sont imposées.

Une autre conséquence est que nos étudiants reçoivent des messages brouillés sur leur situation dans le parcours universitaire, au point que certains se retrouvent sans s’y attendre dans la délicate situation d’être « non-finançables », ce qui compromet sévèrement leur possibilité de poursuivre leur formation dans l’enseignement supérieur.

Nous recevons des financements dédicacés dont le but est de régler des problèmes particuliers, par exemple les difficultés de début de parcours ou la coopération entre universités et haute-école. Des intentions louables, mais un chemin vers un enfer de complexité. Et, je n’aborderai pas aujourd’hui le décret en préparation sur la formation initiale des enseignants.

Que la recherche contribue au développement régional est largement reconnu. La tentation est alors de vouloir accélérer et amplifier le processus en prescrivant de plus en plus précisément qu’un financement de recherche doit avoir pour effet un impact économique mesurable. La conséquence est soit que le caractère innovant des projets est réduit par prudence, soit que l’on tombe dans une présentation imprudemment optimiste. Dans les deux cas, on reste en deçà de notre vrai potentiel. La collaboration avec les entreprises est très positive, a toute sa place et est mutuellement bénéfique, mais n’en sur-prescrivons pas les modalités.

Le FNRS a fort heureusement comme slogan « La liberté de chercher » et en a montré toute la valeur depuis 90 ans. Préservons ce joyaux de la prolifération des règles et contraintes.

Au début de mon intervention, j’ai insisté sur l’importance de laisser nos enseignants et chercheurs libres de développer leurs activités dans de bonnes conditions. La même règle d’or s’applique aux interactions entre un pouvoir et ses universités : soutien et contraintes légères sont une recette quasi miraculeuse de succès.

Mon message au monde est de clamer notre présence : nous sommes là, actifs, avec des personnes de grande qualité. Mais, pour que le message passe et se renforce, il faut qu’il soit porté par chacun d’entre nous. Cela nous ramène à mes premières considérations plus internes. Si nos chercheurs sentent que notre université fonctionne bien, ils en vanteront les mérites avec convictions lorsqu’ils voyagent. Nous entrons alors dans une boucle positive où notre réputation se développe, ce qui améliore notre attractivité, ce qui augmente nos possibilités de recrutement… et l’effet se renforce. Sans en faire un objectif, c’est ainsi que nous monterons dans les fameux rankings.

Pour terminer, je voudrais dire un mot de nos étudiants et chercheurs internationaux. Nous en avons accueillis tout au long de notre histoire, plus à certaines époques qu’à d’autres. Cela a toujours été très positif tant pour l’institution, que ses étudiants et la région. Une université ouverte qui valorise toutes les diversités et offre à chacun la possibilité d’aller au bout de ses possibilités est pour moi un idéal. Je l’ai vécu comme étudiant ici et ailleurs et, si je suis devant vous ce soir, c’est pour que nous travaillions ensemble pour l’offrir aux générations qui nous suivent.

La raison aura raison des divisions

Interrogé récemment à chaud sur « Pourquoi voter pour vous ? », la première phrase de ma réponse fut : « J’apporte une attitude calme et raisonnée à la gestion de l’Université. ». Le thème de la raison mis en évidence dans ma réponse spontanée a été central dans mes écrits et prises de positions, bien avant, et tout au long de cette campagne électorale. Pour moi, il s’agit de toujours pouvoir motiver et expliquer les positions et décisions que l’on prend, qu’elles touchent un individu ou l’Institution dans son ensemble.

Motiver et expliquer n’apportent pas une garantie de consensus, mais si l’on y joint la concertation avec les personnes effectivement concernées et le respect strict de valeurs (intégrité, humanité et liberté sont celles que je porte), les divergences éventuelles sortent du domaine des craintes liées à l’incompréhension pour revenir sur le plan du débat des idées. Loin des conflits et des divisions, on est alors face à des différences de points de vue, toujours constructives, dont il ressort en définitive du positif pour l’ensemble de la communauté.

Ce thème était tout aussi central dans mes conclusions du dernier débat électoral où je développais mes vues sur le rôle du Recteur (la vidéo est accessible ci-dessous). C’est fort de cette approche, qui a déjà fait ses preuves au sein de l’équipe qui s’est réunie autour de moi dès le début de la campagne électorale, que je vous invite à nous rejoindre pour que nous travaillions ensemble pour l’Université de Liège.

 

Quand l’histoire repasse les plats

graphique resultats

Une chose qui frappe quand on regarde les résultats de ce troisième tour de l’élection rectorale est que l’écart de voix entre les 5 candidats (« A Personne » disposait aussi d’une case sur le bulletin de vote) est très net, même étonnamment net vu le nombre de candidats.

Ce constat étant fait, observons que ce 3e tour, dont l’intention annoncée était de faire émerger de nouveaux candidats, n’a pas eu l’effet escompté. Par contre, il nous met dans une situation que beaucoup doivent envier : rejouer l’histoire ! En effet le 4e tour sera le 2e tour manqué de peu, et appelé de ses vœux, par E. Pirard qui n’avait été que très légèrement devancé par A. Corhay au 1er tour. C’est une possibilité inédite et intéressante qui pourrait en tenter plus d’un. Qu’en pensez-vous M Fillon ?

Revenant à notre élection rectorale, il y aura au moins un avantage à cette possibilité de voir repasser le plat, la légitimité du vainqueur sera incontestable. Et, si dans mon titre j’ai contredit la citation de Céline, dans le fond j’y souscris pleinement ; le 10 octobre l’Université aura choisi pour quatre ans, sans retour en arrière possible.

A la veille du vote / A Day before Voting Starts

En cette veille de vote, je vous invite à découvrir quelques nouveautés sur mon site de campagne euliege.be : 


On this day preceeding the vote, I would like to attract your attention to a few new items on my campaign web site euliege.be : 

Vision, valeurs et actions

Texte publié dans le numéro spécial du 15e jour consacré aux élections rectorales. A ne pas manquer: le dessin de Pierre Kroll en dernière page.

 

Trois mots que j’ai fréquemment utilisés durant cette campagne électorale sont : « vision », « valeurs » et « actions ». Vision, car il faut savoir où l’on va et pourquoi. Valeurs, car suivre un objectif sans références peut mener à des dérapages. Actions, car il ne suffit pas de connaître le cap, il faut encore organiser, coordonner et exécuter la multitude d’actions petites ou grandes qui mènent le navire dans la direction choisie et permettent de passer au travers des tempêtes et autres dangers.

Ma vision pour notre Université est que, plus que jamais, l’intégration de l’enseignement et de la recherche qui nous caractérise nous permettra de jouer pleinement notre rôle. Celui-ci est essentiel, tant dans les domaines scientifique, technique et économique que face aux modifications de l’organisation sociale et à celles concomitantes des parcours individuels de vie que l’on voit se précipiter vers nous comme un bolide.

Il est facile d’annoncer des valeurs, mais il n’y a que nos actions passées qui rendent l’annonce crédible. Les valeurs que j’ai toujours défendues, intégrité, humanité et liberté, seront le rempart qui garantira à chacun dans notre Institution un parcours sans la crainte de l’arbitraire ou d’expédients en apparence efficaces, mais porteurs de dégâts tant pour les individus que pour la collectivité.

Pour construire des actions, quatre principes me sont chers : concertation, confiance, continuité et compétence. Concertation, car la meilleure information, les meilleures idées viennent de ceux qui sont sur le terrain et connaissent le sujet. Confiance, car c’est par la conviction que chacun agira dans le sens voulu, pas par l’imposition de règles toujours plus nombreuses. Continuité, car pour changer, il ne suffit pas d’imposer une nouvelle situation ou organisation, il faut surtout soigneusement planifier le trajet qui y mène ; il sera d’autant plus rapide qu’il se fera sans transitions brutales. Compétence, car pour agir, mieux vaut connaître le terrain, non seulement vu de loin, mais aussi avec l’expérience de l’avoir fréquemment parcouru. Il en va ainsi de l’équipe que j’ai réunie qui, tout en étant orientée vers un renouveau, fédère des expériences variées.

Vu l’élection tardive, la prise de fonction de la nouvelle équipe rectorale se fera sans le temps d’une transition, mais je la veux sans soubresauts pour l’Université. Nous commencerons par assurer un suivi, rigoureusement guidé par nos valeurs, de ce qui est en cours, en particulier les procédures de promotion. Les premières mesures plus structurelles seront des simplifications : éliminer certaines procédures ou étapes de procédures, revoir les règles inutilement contraignantes, comme la séparation stricte entre entités d’enseignement et de recherche et la répartition du personnel qui en découle.

Ensuite s’ouvriront d’autres chantiers : une communication interne nettement plus explicite et fréquente, une gestion revue et plus transparente des carrières, une attention renouvelée à la vie étudiante, l’amélioration de la mobilité, l’évolution de notre enseignement et la formation tout au long de la vie, des actions pour un meilleur soutien de notre recherche, le combat pour notre financement, le bon usage de nos moyens et une planification revue de nos investissements immobiliers. Les problèmes de bien-être au travail et les conséquences lourdes qui en résultent trop souvent auront toute notre attention dès les premiers jours. Au-delà des mesures spécifiques et individuelles, nous travaillerons dans un nouvel esprit de confiance et de coopération qui aidera beaucoup et fera de la « communauté universitaire » une réalité pour tous. Ensemble pour l’Université de Liège !

Election : seconde édition

La seconde phase de l’élection du Recteur de l’Université de Liège est maintenant lancée avec quatre candidatures déposées. Le vote aura lieu les 24 et 25 septembre.

Pour cette nouvelle étape de l’élection, j’ai déposé un programme présenté comme la seconde édition de celui du mois de mars : le texte a été revu et repoli, mais il n’y a revirement ni sur la vision et les propositions, ni sur les personnes.

Je veux donner un nouveau cap à l’Université et le tenir fermement pendant quatre ans, comme je le fais à travers ce long processus électoral. En d’autres mots, une gouvernance stable pour que notre Université évolue et change, mais sans perturbations inutiles.

Découvrez mon engagement pour l’Université,  la nouvelle édition de mon programme, et la présentation de mon équipe.

 

Quand tout est à recommencer

graphique resultats tour 2

En examinant les résultats de ce second tour de l’élection rectorale, on est forcément interpellé par le score du candidat « Personne » qui arrive en deuxième position et ne permet pas de conclure, alors que le résultat est par ailleurs très clair. Comment l’interpréter ? Voici quelques réflexions sur le sujet.

« Personne » est un candidat qui ne peut déplaire ni par ses antécédents, ni par sa personnalité, ni par ses prises de positions, ni par son activité sur les réseaux sociaux, ni par son programme.

« Personne » a été très clairement soutenu par Eric Pirard, candidat éliminé au premier tour. Il est difficile d’y voir d’autre objectif que celui, déjà déclaré, de revenir dans la course dans la nouvelle procédure qui va être lancée. C’est se servir du deuxième tour pour remettre en cause le premier, peu importe si c’est au détriment du fonctionnement de l’Institution.

« Personne » a fort probablement aussi bénéficié du ton donné au débat du deuxième tour dans l’exposé introductif explosif d’Albert Corhay : neuf minutes trente (sur dix) d’attaques personnelles après lesquelles un débat « normal » n’était plus possible ; les vidéos méritent d’être vues et revues. Tentative désespérée pour gagner une élection de toute évidence perdue, ou acte de sabordage visant la destruction de tout qui s’oppose à lui ?

Les attaques ? Je prendrai un seul exemple parmi les moins ad hominem. Pour Albert Corhay, je « perdrais le fil de mes idées » parce que, dans mon programme, à propos du très réel problème de mobilité vers le Sart-Tilman, je propose « La promotion de projets de transport alternatif, en particulier une liaison par téléférique entre le futur tram et le Sart-Tilman. ». Or, ce projet est sérieusement examiné par la ville de Liège, ce qui a été confirmé par le Bourgmestre lui-même. Aussi, l’exemple d’un projet similaire en cours de réalisation à Toulouse montre clairement que cela n’a rien d’utopique.

Il y a un autre élément crucial qui, à mes yeux, a également contribué au vote « à personne » : la confiscation des échanges libres nécessaires et l’analyse approfondie et comparative des programmes et de la capacité à les mettre en œuvre, dans une campagne dont les débats ont été trop cadrés.

Alors, quand tout est à recommencer, on se met à l’ouvrage sans tarder. Avec mon équipe, nous mettrons les mois qui nous séparent du nouveau scrutin à profit pour écouter, expliquer, dialoguer et développer davantage les actions et politiques que nous voulons mettre en œuvre. C’est ainsi que nous construirons ensemble, avec vous, pour l’Université de Liège.

Mon message pour l’Université de Liège

Ci-dessous, la vidéo de mon intervention de conclusion après un dernier débat marqué par les attaques tous azimuts, mais sans projet, du recteur en place, Albert Corhay.


L’ensemble des vidéos du débat sont disponibles ici (accès réservé aux membres de l’Université de Liège)

L’Université a parlé

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Le verdict des urnes est tombé et il porte un message d’espoir qui résonne en moi : une large majorité de la communauté universitaire veut une Université forte dans sa région comme dans le monde et qui, libérée des lourdeurs, retrouve fraîcheur et vitalité.

Le programme que j’ai présenté porte des messages très clairs sur le positionnement de notre Université, l’allégement de son fonctionnement, le sens et le plaisir que chacun doit retrouver dans son travail, la confiance qu’il faut restaurer et l’adhésion à un projet enthousiasmant que nous devons partager. Je suis convaincu que le mettre en œuvre répondra aux attentes exprimées.

Pour cela j’ai réuni une équipe qui combine renouveau et expérience. Le renouveau apporte des questionnements, des idées, des rêves. J’aime cela, ayant toujours cherché à penser hors du cadre, à mettre en place des solutions nouvelles, à bousculer les idées reçues, à contester le prétendument immuable. L’expérience apporte la capacité à concrétiser rapidement les projets et à éviter les obstacles à leur mise en œuvre. J’aime aussi cela, étant naturellement pragmatique et ayant appris à me méfier des excès et à susciter l’adhésion pour paisiblement aller collectivement de l’avant.

Après ce premier tour, la fin de la période électorale est en vue et les conditions sont réunies pour repartir dans une université apaisée, corrigeant ses erreurs, avançant sans hésitations inutiles et agissant dans une transparence motivée rassurante. C’est cela que je veux, que nous construisions ensemble pour l’Université de Liège.

L’histoire d’une équipe – A Team’s Story

**** English translation below*****

Chers membres de l’Université de Liège,

Si je me présente à l’élection du Recteur avec une équipe réunie sous la bannière « Ensemble pour l’Université de Liège », c’est le résultat d’une volonté commune de  changer notre Université. Chacune et chacun, dans notre métier et dans des fonctions à responsabilités, avons fait le constat que la direction prise n’était pas la bonne et que résister individuellement n’était pas suffisant. Alors, nous nous sommes unis.

Nous voulons une université forte, qui se présente avec confiance, qui décide sans constamment hésiter, qui soit juste envers ses membres, qui donne du sens au travail de tous et qui soit rayonnante et exemplaire. C’est ainsi qu’elle remplira pleinement sa mission au service de nos étudiants, de notre région et qu’elle aura sa place dans le monde.

Ces dernières semaines, très nombreux sont ceux qui m’ont dit  « J’espère pour l’Université que tu seras élu ». C’est le plus bel encouragement que l’on puisse entendre, car l’enjeu n’est pas l’avenir d’une personne, mais celui de toute la communauté universitaire.

Découvrez mon équipe, consultez notre  programme, lisez mes prises de positions sur euliege.be. Que votre choix soit guidé par l’avenir de notre Université !

Bien cordialement,

Pierre Wolper

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Dear Members of the University of Liège,

If I am standing for the election of the Rector with a team united under the banner « Together for the University of Liége », it is the result of a common will to change our University. Each one of us, in our usual work and when holding various offices, came to the conclusion that the University is not moving in the right direction, and that individual resistance was not enough. So, we united our forces.

We want a strong university that shows confidence, that decides without constantly hesitating, that is fair towards all its members, that gives meaning to everyone’s work and that is an example and an inspiration. It is by doing so that it will be able to completely fulfil its mission, serving our students and  our region, and to hold its place in the world.

These last few weeks, many have been those who told me « I hope for the University that you will be elected ». These are the nicest words of support one can hear, for the issue is not the future of one person, but of the entire University community.

Discover my team, our program and read my position statements on euliege.be and let your choice be guided by the future of our University !

Best Regards,

Pierre Wolper

L’Université n’est pas un bilan comptable

Cloots&Haubruge

Eric Haubruge et Rudi Cloots ont choisi de ne pas continuer à travailler avec Albert Corhay, mais de se présenter à mes côtés pour l’élection rectorale de cette année. Ils s’expliquent.

Pierre Wolper  


Il y a quatre années, en tant que Vice-Recteurs, nous nous engagions aux côtés du Recteur Albert Corhay pour un mandat de 4 ans. Celui-ci arrive à son terme.

Nous avons toujours voulu une université qui remplisse au mieux ses missions essentielles, mais aussi s’ouvre largement à la société. Nous avons toujours souhaité une université qui convainc de son apport et qui résiste aux pressions qui la condamneraient à terme au déclin dans un rôle étriqué.

Être loyal pour nous, c’est s’engager, c’est continuer à nous battre pour ce modèle d’université, et non faire allégeance à un quelconque candidat recteur qui ne rencontrerait pas nos objectifs.
Tous les deux, nous sommes libres de nos choix, nous sommes prêts à les assumer, nous osons prendre des initiatives, des risques, car c’est l’essence même de notre démarche au profit de l’Institution.

Ces quatre années ont mis clairement en évidence les fractures qui pouvaient exister dans nos visions de l’Université de demain, dans son mode de gestion. Plus qu’un homme, c’est un modèle de gouvernance que nous dénonçons aujourd’hui au travers de notre candidature aux côtés de Pierre WOLPER.
Nous ne voulons plus d’une université où l’angle d’approche stratégique prioritaire est la gestion purement comptable, où la recherche d’une stabilité budgétaire est presque exclusivement basée sur la restriction des moyens, où le rapprochement à outrance avec les hautes écoles, et sans stratégie, rend fragile notre positionnement, et à l’international, et vis-à-vis des autres partenaires universitaires de la Communauté Française. Nous voulons affirmer nos différences, nos spécificités, dans un modèle où chacune et chacun collaborent, s’épanouissent.

L’idée de créer une Faculté d’Education comme espace d’attractivité des étudiants en recherche d’une formation d’enseignant, en réponse au décret, très critiqué (et à juste titre) de la formation initiale des maîtres, est de nature à amplifier les craintes des collègues qui voient dans ce scénario (conçu presque sans l’aval des doyens des facultés) une dilution de la formation disciplinaire qui perdrait de sa substance. Nous n’acceptons pas que la qualité de nos formations soit négociée. La fin ne justifie pas les moyens !

Enfin, le Plan Stratégique Institutionnel, présenté comme un véritable outil prospectif, a sans doute le mérite d’exister. Ce plan a mobilisé presque l’ensemble de la communauté universitaire dans la définition des objectifs prioritaires dans tous les domaines de l’Institution. Nous en avons pourtant fait un recueil indigeste d’un ensemble d’actions qui tendent à apporter des réponses à de trop nombreuses problématiques maladroitement identifiées.
Ce plan stratégique, nous l’avons élaboré, avec le collège rectoral en place (nous assumons notre part de responsabilité); mais nous le voulions plus ciblé, plus circonscrit, à la fois dans le temps et dans l’espace universitaire. Nous arrivons aujourd’hui, dans les domaines de nos compétences (enseignement et recherche), à proscrire certaines approches, à redéfinir les priorités au travers d’une validation institutionnelle par le comité de pilotage du plan stratégique.
Force est de constater que les avancées les plus spectaculaires concernent nos domaines d’expertise au sein du collège rectoral. Nos bilans respectifs démontrent très clairement la ligne qui a été la nôtre tout au long de notre mandat.

Il eut sans doute été plus facile de « reprendre » la route tous ensemble. Nous aurions aussi, l’un et l’autre pu prétendre à la fonction rectorale. Les raisons qui ont motivé notre choix aujourd’hui sont dictées par l’unique volonté d’agir positivement en faveur de l’Université de Liège, dans un contexte qui laisse beaucoup de place à l’espoir et qui mettra l’Institution en 2021 dans une position favorable de négociation de l’enveloppe de financement. Mettre nos compétences au service de l’Institution et non au service d’un seul homme, voilà notre combat !

Eric HAUBRUGE et Rudi CLOOTS

Journal de campagne : le premier débat

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La deuxième semaine de campagne a été marquée par le premier « débat »,  le jeudi 29/3 en soirée. Le déroulement en était très cadré : exposé de 20 minutes par chaque candidat et réponses aux questions groupées par thème, chacun intervenant à son tour. Le temps de parole total des candidats était soigneusement minuté, égalité oblige, mais les échanges directs fermement découragés.

Pour ma part, j’ai trouvé l’exercice plutôt plaisant, le seul inconfort étant quelques tiraillements de l’estomac, dus à un repas postposé après une soirée somme toute fort longue. Le plaisir d’un plat de pâtes partagé en équipe à l’issue du « spectacle » n’en fut que plus grand, dans l’ambiance qui doit être celle d’une troupe de théâtre après une « première » réussie.

Pour introduire ma présentation, j’avais choisi de m’interroger sur l’usage de la méthode scientifique dans un cadre électoral. C’était certes un peu académique, mais répondait très certainement à la demande d’un débat « plus élevé » et était simplement une réflexion sur le peu d’informations fiables et vérifiables dont on dispose en général au moment de voter. Les américains et les anglais en sont progressivement de plus en plus conscients. A l’échelle plus modeste de l’Université, les mots qui plaisent sont tout aussi faciles à trouver et l’essentiel reste de choisir les femmes et les hommes. Pour mieux me connaître, lisez mes écrits et, si le cœur vous en dit, visionnez ma présentation. Cela ne vaut pas un bon feuilleton, mais je m’y livre sans fard. Venez aussi à ma rencontre lors des prochains épisodes (débats).

Journal de campagne : de l’éthique des robots à la démocratie en question

Après les remous suscités par la publication dans La Meuse du mercredi 21 mars d’un article relatant les événements du début de campagne sur l’éligibilité d’Eric Haubruge, je pensais terminer vendredi sur une activité purement universitaire avant de poursuivre samedi avec la belle cérémonie honorant nos docteurs avec thèse et onze nouveaux honoris causa.

En effet, vendredi matin, je suis intervenu à Bruxelles dans un séminaire de formation dont le thème du jour était « Ethics and AI ». Un public attentif, d’autres intervenants captivants, des échanges stimulants, bref du vrai plaisir. De retour à Liège, je tombe dans un débat, moins feutré, sur la démocratie. Des chercheurs s’en inquiètent dans une carte blanche, alors que le Recteur la trouve bien vivante.

La démocratie me tient terriblement à cœur et cela m’a rappelé qu’en février 2017, je me suis exprimé ouvertement, alors qu’il était difficile de le faire, sur une tentative de dérive grave. Mon texte d’alors était écrit sous la forme d’une fable. Je n’ai rien écrit depuis dans ce style, mais si vous avez l’envie de vous y replonger, je vous recommande un texte du Maître du genre : Les animaux malades de la peste.

Chronique d’un programme retardé

Le dépôt des candidatures pour l’élection rectorale de l’Université de Liège s’est clôturé le lundi 12 mars et la commission électorale s’est réunie ce mercredi 14 pour procéder à l’examen des candidatures. Processus qui habituellement se résume à vérifier que les candidats ont bien remis les documents demandés et satisfont effectivement aux conditions d’éligibilité.

Mais, cette fois il y avait une surprise ! Un des candidats, Albert Corhay, avait introduit une réclamation à propos du contenu supposé du programme d’un mystérieux candidat P. Volper. Assez naturellement la commission a conclu qu’il s’agissait de moi, le nom cité étant fort proche du mien. Nul n’est à l’abri d’une erreur mais, par trois fois répétée, celle-ci sortait de la plume du Recteur de mon Université que je côtoie depuis plus de 20 ans et qui a vu mon nom dans des documents des centaines de fois. Je suis un peu vexé, je l’admets. La réclamation ne me concernait pas personnellement, mais bien le fait que j’avais fait état de mon intention de proposer Eric Haubruge comme Vice-Recteur et que cette information ne pouvait pas figurer dans mon programme. Le motif présenté était qu’Eric Haubruge, ayant déjà été deux fois Vice-Recteur, n’est plus éligible pour un troisième mandat.

De fait, mon programme citait Eric comme Vice-Recteur dans ma future équipe. Il a été de 2009 à 2014 Vice-Recteur du site de Gembloux et de 2014 à 2018, Premier Vice-Recteur de l’Université de Liège, désigné par son Conseil d’Administration. La loi dit bien que le mandat du recteur, du ou des vice-recteurs n’est renouvelable qu’une fois. Il faut toutefois se rappeler que le contexte légal a été modifié par de multiples décrets dont : un de 2008, introduisant la possibilité de vice-recteurs « supplémentaires », un autre la même année pour la fusion avec Gembloux et introduisant le Vice-Recteur de site pour Gembloux, élu par le corps académique de Gembloux, et un troisième en 2013, ouvrant le scrutin à l’ensemble du personnel et des étudiants et supprimant le poste de Vice-Recteur désigné par la Faculté de Gembloux.

Le premier mandat de Vice-Recteur d’Eric Haubruge est donc un mandat qui n’existe plus dans l’Université de Liège et, des esprits à la logique visiblement incertaine (dont le mien) n’ont pas vu dans son bien différent mandat actuel de Premier Vice-Recteur, le renouvellement du précédent. Il est d’ailleurs piquant de se souvenir qu’Albert Corhay a déploré qu’Eric Haubruge ne voulait plus se représenter avec lui comme Vice-Recteur pour cette élection.

La question a été tranchée par la commission électorale ce vendredi 16. Préalablement, j’avais transmis une nouvelle version de mon programme où il n’est plus mentionné qu’Eric Haubruge sera proposé comme Vice-Recteur, cette information n’étant ni nécessaire, ni obligatoire. J’ai pu présenter mon point de vue qui ne demandait rien d’autre que la publication immédiate de mon programme, cela en présence du Prof. Ann Lawrence Durviaux, spécialiste en droit administratif, représentante du Professeur Corhay et proposée comme Première Vice-Rectrice dans son programme électoral.   La commission a tranché et sa décision communiquée à la communauté universitaire : mon programme modifié est publié et la commission « prend acte » de l’inéligibilité d’Eric Haubruge à la fonction de Vice-Recteur.

Ce qui me frappe dans cette histoire ne sont pas les aspects légaux, mais les aspects humains. Mon intention de présenter Eric Haubruge comme Vice-Recteur était bien connue depuis au moins un mois, mais personne dans l’Université n’a attiré son attention, ni la mienne, sur ce problème qui est maintenant présenté comme évident. Qu’il soit soulevé par une réclamation introduite au moment du dépôt des candidatures, et avant la publication des programmes, relève de la guerre tactique électorale où l’on tente de saper les concurrents.

Ce n’est pas ma vue d’une élection rectorale où le débat des idées doit dominer. C’est encore moins ma vue des rapports humains au sein de l’Université. Eric est meurtri, se sent brutalement écarté alors qu’il s’est énormément investi pour l’Université. Je partage sa peine et admire le courage avec lequel il poursuit son travail, dès le premier choc passé. Pour lui et pour tous, je me battrai pour que dans l’Université règnent l’éthique, l’humanité et la liberté, ce sont mes valeurs, celles de mon programme et j’en serai le garant, pas en mots mais en actes.

Un programme, un site

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Mon programme officiel pour l’élection rectorale a été déposé. Vous le trouverez ici, ainsi que sur mon site de campagne électorale, euliege.be. Le nom de ce site (Ensemble pour l’ULIEGE) est emblématique de l’esprit dans lequel je me lance dans cette élection. Plus qu’un candidat, qu’une équipe, l’objectif est de mobiliser toute la communauté universitaire autour d’un programme par lequel, ensemble, nous ferons rayonner l’Université de Liège.